Les peintres

Les Peintres Officiels de la Marine

A l’invitation du maire de Saint-Pierre, une délégation de six Peintres officiels de la Marine, conduite par Jacques Rohaut, président de l'association des Peintres Officiels de la Marine (POM), ont fait une escale dans l’archipel du 16 au 24 août.

Cette escale artistique s’inscrit pleinement dans le projet d’inscription de l’archipel au patrimoine mondial de l’UNESCO. La richesse du patrimoine maritime de l’archipel n'aura pas manqué d’inspirer les six artistes présents cette semaine :
Eric Bari, Michèle Battut, Olivier Desvaux, Jean Lemonnier, Jacques Rohaut et Anne Smith.

Les Peintres officiels de la Marine (P.O.M.) constituent l’un des corps artistiques les plus anciens dont les origines remontent au XVIIème siècle. Il perdure depuis 1830 et compte aujourd’hui 45 membres comme Marin Marie, Titouan Lamazou, Jacques Perrin, Yann-Arthus Bertrand mais également Anne Smith.

Le titre de Peintre officiel de la Marine (P.O.M.) est accordé par le ministre des Armées et attribué par le jury du salon de la marine. Il permet d’embarquer sur tous les bâtiments de la flotte. Le titre est attribué à des artistes qui consacrent leur talent à la Marine Nationale, aux gens de mer et à l’océan. Il peut être attribué non  seulement à des peintres mais également à des graveurs, sculpteurs, photographes, dessinateurs, cinéastes…

La présentation des oeuvres inspirées par cette escale sera proposée dès le printemps 2022 dans les deux communes de l'archipel.

Reportage: Des peintres de la Marine nationale en quête d'inspiration à Saint-Pierre et Miquelon

Les peintres

Eric Bari

Je découvre Saint-Pierre et Miquelon et Langlade pour la première fois.
L’accueil de nos hôtes est sympathique et chaleureux.
Il nous facilite la rencontre et la discussion avec les habitants puis la découverte des lieux qu’ils aiment et qui représentent bien la région.

L’observation de la nature et des villes m’a inspiré par la lumière, les couleurs et l’organisation graphique. J’ai essayé de témoigner par ma peinture, du ressentit et de la forte impression que m’a laissé cette belle aventure.
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Michèle Battut

Des mots qui font rêver… Saint-Pierre… Miquelon… Langlade… Atlantique nord… L’île aux Marins… Epave du Transpacific… Terre-neuve… Canada !!

Sous les cris des mouettes et de la mer à l’infini, et sous le charme de notre brillante et sympathique Rosiane de Lizarraga cheffe de la Mission des Affaires Culturelles – ministère de la Culture, notre précieux guide, les habitants ont accueilli notre petite équipe de peintres voyageurs avec curiosité et gentillesse.

Pour ma part, j’ai été très touchée par la solitude des lieux du bout du monde, par ces jolies maisons jetées comme des dés colorés sur un tapis d’herbes jaunes de l’île aux Marins, refuges modestes des « pieds rouges » dans ces vastes îles giflées par l’air du grand large, bercées par le vacarme de la mer et les cris des goélands et des phoques gris, majestueux et joueurs.
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Olivier Desvaux

J’ai trouvé une grande inspiration dans l’architecture de Saint-Pierre. Ses maisons colorées à pans de bois captent superbement la lumière. Cette lumière sur ces murs colorées créé des formes abstraites et joyeuses. Les rues en hauteurs offrent des perspectives impressionnantes et emmènent notre regard vers le large, nous invite au voyage, à la rêverie.

J’ai apprécié la bienveillance des habitants, heureux et reconnaissant de voir un peintre sur « leur » motif, captant les lumières de leur île.

Et puis, quelques par à l’écart, je découvre un paysage naturel sublime, végétation rase qui abrite quelques lacs, des points de lumières dans la montagne. La faune et la flore, les bains de mer au milieu des oiseaux me connectent à la nature, comme la découverte de Miquelon-Langlade.

J’ai emmené avec moi ces inspirations et sensations dans mon atelier en Normandie.
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Jean Lemonnier

Le matin, ça commençait par le même rituel, une cuillère à soupe remplie à ras bord d’huile de foie de morue que je devais avaler d’un seul trait sous la surveillance attentive de ma mère qui vu mes grimaces me répétait : pense à tes aïeux qui s’escrimaient à pêcher la morue sur le grand banc.

Plus tard j’ai cherché où se trouvait ce grand banc mystérieux, brumeux, froid, ça parlait de Terre Neuve et de l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon. Aujourd’hui j’y suis et les îles sont à la hauteur de mes rêves d’enfant.

Je fais mes sculptures au club de voile, une table m‘est octroyée dans l’atelier de réparation des zodiacs chez Georges. L’homme est silencieux mais garde l’œil, on a l’impression que les grosses tempêtes d’hiver l’ont façonné. Un peu d’argile et de plâtre ! Voilà une sculpture de macareux moine qui hantent en grand nombre « Le Colombier », puis les parulines entr’aperçues dans la maigre mais magnifique végétation boréale. J’ai entrepris aussi de faire un harelde de Miquelon sur documentation, un canard migrateur d’une grande beauté, c’est l’été je ne pourrais pas les observer. L’ébauche est faite, je me risque à demander à Georges qui a l’air de s’y connaitre en oiseaux si mes proportions sont bonnes. D’un geste des mains, il me fait comprendre que mon canard est plutôt de la taille d’une dinde. Le lendemain, j’ai rétréci d’un tiers la bête, Georges est là qui acquiesce silencieusement, je lui dis en parlant du canard « C’est beau ! Il me répond « C’est bon ».
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Jacques Rohaut

Quelques heures de vol au dessus de l’Atlantique pour arriver déjà en Amérique et, connaître des émotions nouvelles et l’envie d’aller au delà du visible. Des îles si belles, si différentes avec l’océan immense comme frontière toujours proche et les côtes canadiennes visibles presque tout autour.

Sur ce territoire, venu de Normandie, de Bretagne, du Pays Basque, un peuple de marins et de pêcheurs s’est embarqué pour l’aventure de vivre et parfois survivre. Les souvenirs de leurs métiers marquent encore le paysage même si les bateaux ne sont plus là. Le climat change comme partout ailleurs, peut-être plus qu’ailleurs. Les habitants le savent, ils le vivent.

Un pays pour les peintres, même si la brume l’envahit plus souvent qu’avant. Une lumière originale à découvrir ! Le peintre peintre de la Marine que je suis s’y sent vite chez lui.
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Anne Smith

Ma visite aux fouilles à L’Anse à Henry m’a enthousiasmée, une magnifique tête de harpon en rhyolite extraite de la tourbe devant mes yeux émerveillés, pendant des milliers d’oiseaux de mer tournaient au-dessus du Grand Colombier, la petite île toute proche. Depuis, j’arpente les mornes de Saint-Pierre cherchant à la fois un endroit à peindre et des vestiges archéologiques.

Le biface ajouté aux autres trouvailles récentes est la preuve incontestable que les sociétés nomades ou sédentaires, ont vécues ici, chassant poissons et oiseaux depuis au moins 2500 ans.

J’avais grimpé la colline sous le regard vigilant des grands corbeaux jusqu’à la petite carrière-mamelon de Rhyolite là où les gens taillaient leurs outils. Assise là, j’ai regardé l’enchevêtrement de la végétation boréale tombant pêle-mêle vers les fouilles en contre-bas. Au Nord, la masse forestière de l’île Langlade et les terres sédimentaires de Miquelon vacillaient dans la lumière changeante. J’ai mis mon imperméable quand l’horizon s’ornait d’une Terre Neuve bleu cobalt, juste avant l’averse, pensant : ceux qui ont vécu sur cette île, ont toujours travaillé avec un œil à l'affût d'un changement de vent soudain. Paléo-Inuits, amérindiens, marins-pêcheurs, agriculteurs (ou peintres !) ce pays demande la vigilance du grand corbeau.
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